L’histoire vraie de David Sheff et de son fils Nic, accroc à tous types de drogues. Parfois bouleversant, parfois ennuyant, Felix Van Groeningen ( auteur du magnifique Alabama Monroe) livre un premier film Hollywoodien assez inégal, sublimé par une mise en scène très juste et de très belles interprétations.

David Sheff ( Steve Carell, tout en retenu) est un père aimant très proche de son fils issu d’un précédent mariage. Nic (Timothée Chalamet, nouvelle coqueluche d’Hollywood) est un môme de 18 ans accroc aux drogues et plus particulièrement à la métamphétamine. Le film s’applique alors à raconter le combat mené par les deux protagonistes afin de sortir Nic de cette situation. Détonnant à certains moments, plutôt plat à d’autres, le nouveau film du réalisateur belge déçoit quelque peu par manque d’audace mais sauve la mise grâce à sa force dramatique.
Le risque du mélodrame
Le mélodrame est une espèce de plus en plus en rare et on comprend pourquoi. Risqué à souhait, ce type de film peut rapidement exaspéré par la pauvreté de son propos et le cabotinage des acteurs à l’écran. Ici, ce n’est pas le cas. Mais à vouloir trop éviter cet écueil, Van Groeningen se perd parfois un peu.
Son histoire est très touchante, et est mise en scène de manière très réaliste. Il est très facile pour le spectateur de se mettre à la fois à la place du père comme à la place du fils. Ce réalisme ambiant donne au film un rythme assez lent qui permet aux deux personnages d’être explorés en profondeur. Les scènes où Nic se drogue sont touchantes et répugnantes à la fois. La lutte continuel entrepris par son père est aussi très bien dépeinte à l’écran. Le point fort du film est sans aucun doute la relation fusionnelle entre Nic et son père représentée par différents flashbacks remplis d’émotions.
La où la bât blesse, c’est que le film apparaît peut-être parfois trop sage, pas assez rythmé à certains moments, ce qui laisse un certain goût d’inachevé. En voulant à tout prix éviter le risque de la surenchère, le réalisateur belge s’égare parfois dans un ennui trop profond qui fait perdre un peu de force à son film.
Justesse et modestie
My Beautiful Boy ne serait rien sans Timothée Chalamet et Steve Carell. Leur duo est parfait de justesse et de discrétion. Sans en faire trop, chacun parvient à faire ressentir son mal-être au spectateur.
D’un côté on a le père aimant ne reconnaissant plus du tout son fils duquel il a été si proche durant de longues années. De l’autre, un fils si intelligent et bourré de qualités, qui sombre dans la drogue dur et n’est plus vraiment lui-même.
On sent la souffrance constante qui règne chez David. Comment son fils, pourtant issu d’une bonne famille, a-t-il pu finir ainsi ? La souffrance d’un père pour qui son fils était tout.
Nic, lui, est aussi en pleine souffrance. Il lutte sans cesse contre ses démons, dégoûté par lui-même mais aussi en manque constant de substances qui lui permettent de s’évader. Cette relation est brillamment mise en scène par Felix Van Groeningen. Les meilleures scènes à l’écran ont lieu lorsque le duo s’y trouve. Un force dramatique réside dans cette association qui permet au film de prendre de l’épaisseur.
My Beautiful Boy est un bon film. Mais il est vrai qu’il aurait pu être plus abouti. En voulant éviter les pièges du mélodrame, il devient un peu trop convenu et même banal par moment. Il est néanmoins sublimé par ses interprètes mais aussi par sa mise en scène qui donne au film toute sa force dramatique. Il n’est pas impossible que vous pleuriez durant My Beautiful Boy, mais peut-être pas autant que vous l’espériez.