Une famille très pauvre entre dans le quotidien d’une famille bourgeoise jusqu’à ce que tout bascule. Bong Joon-ho livre ici un film grandiose, qui mêle satire sociale, burlesque, drame et fantastique.

Parasite est le film à voir en ce moment au cinéma. Auréolé d’une Palme d’or, il n’est pourtant pas l’objet que l’on croit. La grandeur du film réside dans le ton employé par le réalisateur coréen. Accessible à tous, mais très complexe à analyser, Parasite fait le pont entre l’art et l’industrie, un pont qui ressemble plus aujourd’hui à un fossé. Si Parasite est un immense succés aujourd’hui c’est parce que Bong Joon-ho a réussi un tour de force énorme, celui de délivrer un film à la fois artistique et grand public, une oeuvre qui va sans aucun doute rester dans l’histoire du cinéma.
Multi-registre
Les amoureux de Bong Joon-ho savent à quel point il aime utiliser plusieurs registres dans ses films. On ne sait effectivement jamais sur quel pied danser dans Parasite. Tantôt on rit, tantôt on pleure. Cette histoire singulière prête en effet souvent à sourire et nous sommes abasourdis par la malice et l’intelligence dont fait preuve cette famille sans le sou afin de s’infiltrer de manière cocasse dans le quotidien de cette famille bourgeoise. La première partie du film se concentre essentiellement sur ce stratagème et fait la part belle à l’ingénuité de Ki-woo (Choi Woo-sik) et Ki-jung (Parke So-dam).
Mais on aurait tort de considérer Parasite uniquement comme une satire sociale qui oppose riches et pauvres et s’amuse à tourner en dérision leurs différences. Parce que Bong Joon-ho se plaît à nous poser pleins de questions sur les différentes relations que lient les personnages mais aussi sur la société coréenne et sur le fonctionnement même d’une famille qu’elle soit riche ou pauvre. Parasite sème le chaos autour de lui, ils démontrent de manière burlesque les problèmes qui existent chez les plus riches en Corée du Sud.
La deuxième partie du film est bien plus morose et verse dans la tragédie voir même l’horreur. Ce mélange de genre unique laisse le spectateur bouche bée et renforce le film dans sa teneur politique et contestataire. Mieux vaut aller voir Parasite sans avoir lu une seule ligne dessus car lorsque vous sortirez de la salle, les questions afflueront et vous n’aurez qu’une envie, celle de retourner voir le film.
Une Palme d’or unanime
Les Palmes d’or sont souvent des films très artistiques et pas toujours accessibles pour le grand public. C’est tout le contraire de Parasite. Film vertigineux et sidérant, complexe dans son propos, brillamment mise en scène…tant d’adjectifs qui ont déjà été utilisés pour décrire ce chef d’oeuvre. Il suffit maintenant simplement d’aller voir ce film parce qu’il plaît à tous et est érigée comme le film de ce début d’année, de manière unanime.
Le cinéma coréen est ainsi en train de s’imposer petit à petit à l’international notamment grâce à des distributeurs indépendant comme The Jokers. L’année dernière, Burning de Lee Chang-dong avait déjà secoué la Croisette dans un tout autre style. C’est aujourd’hui au tour de Parasite qui a logiquement remporté la distinction suprême et c’est tant mérité pour Bong Joon-ho qui prend toujours beaucoup de risques dans ses films et fait toujours passer un message contestataire.
Comme quoi, l’ambition est toujours récompensé.
Un succès commercial
Le succès de Parasite en France redonne espoir. Des acteurs méconnus par le grand public, une histoire originale, un film coréen, et pourtant plus de 500 000 entrées en première semaine. Qu’arrive-t’il donc à la France du cinéma ? Les fans de Blockbusters sans queue ni tête financés à gros coup de millions se sont-ils enfin déplacés pour aller voir un chef d’oeuvre? Il semblerait que oui.
Limpide et complexe à la fois, Parasite jouit d’un jeu d’acteur hors norme notamment de la part de Song Kang-ho, si talentueux et touchant, d’un scénario tellement bien ficelé, d’une bande son incroyable, de plans magnifiques, d’un tableau si réaliste de la Corée, d’une analyse sociale décapante et surtout véhicule un torrent d’émotions qui s’achève sur une dernière scène sublime et bouleversante. Parasite est tout simplement la quintessence du cinéma, un art qui dénonce et fait voyager émotionnellement le spectateur.